Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/59

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ivre de douleur, ne comprenant pas comment il se faisait que les saintes fussent mortelles.

Puis, il avait enfin pu s’agenouiller et jurer à la mourante que se dernier vœu serait accompli.

Il passa la nuit près du cadavre, en compagnie du prêtre et d’une gardienne. M. de Rionne était resté agenouillé pendant une heure ensuite, il s’était discrètement retiré.

Tandis que le prêtre priait et que la gardienne sommeillait dans un fauteuil, Daniel avait songé, les yeux secs, ne pouvant plus pleurer. Il se sentait accablé, il avait comme un grand poids dans la tête. C’était un état doux, sans amertume, comparable à cet assoupissement léger qui précède le sommeil. Il ne voyait pas nettement les objets, sa pensée lui échappait par instants. Pendant près de dix heures, une seule idée lui emplit ainsi le cerveau : il se disait que Blanche était morte, et que désormais la petite Jeanne serait la sainte qu’il aimerait, pour laquelle il se dévouerait.