Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/66

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— Bah ! disait ce dernier, la pauvre femme a bien fait de mourir. Elle doit être heureuse dans sa boîte. Monsieur lui rendait la vie dure.

— Qu’en sais-tu ? répondait le premier, elle souriait toujours. Son mari ne la battait pas. Elle était fière et se posait en victime pour faire souffrir les autres.

— Je sais ce que je sais. Je l’ai vue pleurer, cela faisait peine à voir. Son mari ne la battait pas, c’est vrai, mais il avait des maîtresses ; et, vois-tu, elle est sûrement morte de ce qu’il ne l’aimait plus.

— S’il s’en allait, c’est qu’elle l’ennuyait. Elle n’était pas amusante, Madame. Je ne pourrais pas vivre avec une femme comme ça : toute petite et si sérieuse, qu’elle paraissait très grande. C’est elle, je parie, qui a fait répandre le bruit que Monsieur avait des maîtresses… Est-ce que tu les as vues, toi, ces maîtresses ?

— J’en ai vu une. Je lui ai remis une lettre. Une chipie blonde toute chiffonnée, dont je n’aurais pas voulu pour deux sous, tant elle était