Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/74

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palais, et que d’ailleurs il ne trouvait rien à dire.

M. de Rionne, qui paraissait fort troublé lui-même, ne s’arrêta pas, et Daniel se hâta de monter dans sa chambre.

Là, il se dit une vérité désolante : c’est qu’il ne pouvait rester dans l’hôtel.

Il n’avait pas songé à cela, cette pensée de départ lui fut très pénible. Il eut un rire triste en songeant que, décidément, il était bien naïf. Sa chère mère n’étant plus là, il devait être forcément jeté à la porte, s’il ne consentait à sortir de bonne grâce. Là-bas dans le jardin, il entendait encore les rires des domestiques, et une sueur froide lui mouillait les tempes. Il résolut de s’en aller tout de suite.

Songeur, il s’était assis. Il ne pensait pas à lui, il ne se demandait pas où il coucherait le soir, ni ce qu’il ferait le lendemain. Cela lui importait peu. Il avait toute l’insouciance brave de la jeunesse. Ne connaissant pas la vie, il se proposait d’aller en avant, toujours tout droit.