Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/12

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condamné. Pourquoi en rougirais-je ? Ils m’ont donné du pain à un des moments les plus désespérés de mon existence. Malgré leur médiocrité irréparable, je leur en ai gardé une gratitude.

Il est encore une raison que je dirais, si l’on me poussait un peu. Je suis d’avis qu’un écrivain doit se donner tout entier au public, sans choisir lui-même parmi ses œuvres, car la plus faible est souvent la plus documentaire sur son talent. Le choix s’établit par l’élimination naturelle des livres mort-nés. Et, en attendant que ce roman des Mystères de Marseille périsse un des premiers parmi les autres, il ne me déplaît pas, s’il est d’une qualité si médiocre, qu’il fasse songer au lecteur quelle somme de volonté et de travail il m’a fallu dépenser, pour m’élever de cette basse production à l’effort littéraire des Rougon-Macquart.


ÉMILE ZOLA
Médan, juillet 1884.