Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/176

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Il choisit des dossiers et vint se remettre à son bureau, où il lut les deux procurations, après y avoir intercalé le nom de Marius.

Ces procurations conféraient des droits illimités au mandataire : droit de vendre et d’acheter, d’hypothéquer et de plaider devant les tribunaux. Quand il eut terminé la lecture des deux pièces, le notaire ajouta :

« Maintenant, il faut que je vous donne quelques renseignements sur les personnes que vous allez représenter. »

Il remit à Marius l’une des procurations.

« Voici d’abord, reprit-il, le pouvoir de mon client et ami, M. Authier, de Lambesc. Il est, en ce moment, à Cherbourg et doit partir prochainement pour New York, où il va prendre possession d’un fort héritage... Il a acquis à Marseille, avant son départ, un immeuble situé rue de Rome. Vous gérerez cet immeuble pendant son absence. D’ailleurs, il doit m’envoyer demain ses instructions que je vous transmettrai. »

Ensuite, il prit l’autre procuration.

« Et voici maintenant, continua-t-il, le pouvoir de M. Mouttet, un ancien négociant de Toulon, qui m’a confié des fonds, en me chargeant de prendre des hypothèques sur une maison de campagne sise au quartier Saint-Just. Mouttet vient de m’envoyer de nouveaux fonds qu’il désire placer ; comme la goutte le cloue sur son fauteuil, il m’a prié de lui trouver un procureur fondé, qui puisse donner à sa place les signatures nécessaires... Revenez demain, et nous nous entendrons définitivement sur les deux affaires. »

Douglas se leva pour congédier Marius. Sur le seuil, il lui serra la main avec une familiarité brusque et cordiale. Le jeune homme se retira, un peu étourdi par les faits rapides qui venaient de se passer. Il s’étonnait de la facilité avec laquelle le notaire l’avait chargé de graves intérêts, et se sentait mal à l’aise, sous le coup de la lourde responsabilité qui allait peser sur lui.