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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/27

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Cazalis dans ses recherches. Dès ce matin, une plainte a été déposée, et des perquisitions ont été faites à votre domicile, rue Sainte, et à la campagne de votre mère, au quartier Saint-Just.

– Mon Dieu, mon Dieu ! soupira Marius.

– M. de Cazalis jure qu’il écrasera votre famille. J’ai vainement tâché de le ramener à des sentiments plus doux. Il parle de faire arrêter votre mère…

– Ma mère !… Et pourquoi ?

– Il prétend qu’elle est complice, qu’elle a aidé votre frère à enlever Mlle Blanche.

– Mais que faire, comment prouver la fausseté de tout cela ?… Ah ! malheureux Philippe ! Notre mère en mourra. »

Et Marius se mit à sangloter dans ses mains jointes. L’abbé Chastanier regardait ce désespoir avec une pitié attendrie. Il devinait la bonté et la droiture de ce pauvre garçon, qui pleurait ainsi en pleine rue.

« Voyons, dit-il, du courage, mon enfant.

– Vous avez raison, mon père, s’écria Marius, c’est du courage que je dois avoir. J’ai été lâche, ce matin. J’aurais dû arracher la jeune fille des bras de Philippe et la ramener à son oncle. Une voix me disait d’accomplir cet acte de justice, et je suis puni pour ne pas avoir écouté cette voix… Ils m’ont parlé d’amour, de passion, de mariage. Je me suis laissé attendrir. »

Ils gardèrent un moment le silence.

« Écoutez, dit brusquement Marius, venez avec moi. À nous deux, nous aurons la force de les séparer.

– Je veux bien », répondit l’abbé Chastanier.

Et, sans même songer à prendre une voiture, ils suivirent la rue de Breteuil, le quai du canal, le quai Napoléon et remontèrent la Cannebière. Ils marchaient à grands pas, sans parler.

Comme ils arrivaient au cours Saint-Louis, une voix fraîche leur fit tourner la tête. C’était Fine, la bouquetière, qui appelait Marius.

Joséphine Cougourdan, que l’on appelait familièrement