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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/454

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pardonne également... Je veux vivre avec toi, dans le Ciel... N’est-ce pas, tu prieras ton Dieu de m’admettre dans ton paradis ? »

Blanche, très émue, prit la main du moribond qui frissonna. « Donnez-moi la vôtre, dit-elle à M. de Cazalis.

– Non, jamais, jamais ! cria le cholérique au milieu d’une convulsion. Je ne veux pas vivre avec vous, dans votre Ciel. Je préfère toutes les flammes de l’enfer... Va-t’en... Jamais, jamais ! »

Il avait serré ses mains l’une dans l’autre, il se tordait les bras. Comme il hurlait : « Jamais, jamais ! » il fut pris d’un spasme, et il expira. Son cadavre resta tordu.

Blanche, épouvantée, avait détourné la tête. Lorsqu’elle abaissa ses regards vers Philippe, elle vit qu’il expirait à son tour. Il lui serrait la main faiblement. Ses yeux étaient devenus clairs, ses lèvres avaient un sourire plus pâle. Il se croyait mort depuis longtemps, il ne songeait plus à son frère qui était là, ni à son fils qu’il avait demandé.

« N’est-ce pas ? murmura-t-il en se laissant aller, tu vas m’emmener ? »

Et il mourut. À ce moment, Fine et Joseph entraient dans la salle. Marius ferma les yeux de son frère. Fine, éperdue, vint s’agenouiller. Le pauvre petit, seul au pied du lit, ne pouvant comprendre, sanglotait.

Depuis que Joseph était dans la salle, Blanche le regardait, éperdue. Elle songea tout à coup au danger qui le menaçait. Elle baisa la main de Philippe, qu’elle avait gardée dans la sienne ; puis, elle prit brusquement l’enfant dans ses bras, et l’emporta en courant.

Il fallut que M. Martelly emmenât Marius et Fine. Comme Marius allait enfin se retirer, il entendit la voix d’une mourante qui l’appelait.

« Vous ne me reconnaissez pas, lui dit cette femme. Vous avez oublié la misérable Armande. J’avais juré de ne vous revoir que lorsque j’aurais obtenu mon pardon.