Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/215

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Vers onze heures du soir, laissant M. de Guersaint dans sa chambre de l’hôtel des Apparitions, Pierre eut l’idée de retourner un instant à l’Hôpital de Notre-Dame des Douleurs, avant de se coucher lui-même. Il avait quitté Marie si désespérée, muette d’un si farouche silence, qu’il était plein d’inquiétude. Et, dès qu’il eut fait demander madame de Jonquière, à la porte de la salle Sainte-Honorine, il s’inquiéta davantage, car les nouvelles n’étaient pas bonnes : la directrice lui apprit que la jeune fille n’avait toujours pas desserré les lèvres, ne répondant à personne, refusant même de manger. Aussi voulut-elle absolument que Pierre entrât. Les salles de femmes étaient interdites aux hommes, la nuit ; mais un prêtre n’est pas un homme.

— Elle n’aime que vous, elle n’écoutera que vous. Je vous en prie, entrez vous asseoir près de son lit, et attendez l’abbé Judaine. Il doit venir, vers une heure du matin, donner la communion aux plus malades, à celles qui ne peuvent bouger et qui mangent dès le jour. Vous l’assisterez.

Pierre, alors, suivit madame de Jonquière ; et elle l’installa au chevet de Marie.

— Chère enfant, je vous amène quelqu’un qui vous aime bien… N’est-ce pas ? vous allez causer et être raisonnable.

Mais la malade, en reconnaissant Pierre, le regardait