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Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/373

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Puis, elle voulut une certitude, elle se fit donner des détails. Raymonde ne lui avait pas encore conté sa longue promenade de la veille, au bras de Gérard, désireuse de ne lui parler de ces choses que triomphante, certaine d’avoir conquis enfin un mari. Et c’était fait, comme elle le criait si gaiement : le matin même, elle avait revu à la Grotte le jeune homme, qui s’était engagé d’une façon formelle. Certainement, M. Berthaud ferait la demande pour son cousin, avant leur départ de Lourdes.

— Allons, déclara madame de Jonquière qui se remettait de son scrupule, souriante, ravie au fond, j’espère que tu seras heureuse, puisque tu es si raisonnable et que tu n’as pas besoin de moi pour mener à bien tes affaires… Embrasse-moi !

Ce fut alors que sœur Hyacinthe arriva, pour dire la mort imminente de madame Vêtu. Déjà, Raymonde s’en était allée en courant. Et madame Désagneaux, qui s’essuyait les mains, se fâchait contre ces dames auxiliaires qui avaient toutes disparu, précisément le matin où l’on aurait eu besoin d’elles.

— Ainsi, ajouta-t-elle, madame Volmar… Je vous demande un peu où elle a pu passer ! On ne l’a pas vue une heure seulement, depuis que nous sommes ici.

— Laissez donc madame Volmar tranquille ! répondit madame de Jonquière avec quelque impatience. Je vous ai dit qu’elle était malade.

D’ailleurs, toutes deux coururent auprès de madame Vêtu. Ferrand, debout, attendait ; et sœur Hyacinthe lui ayant demandé s’il n’y avait rien à faire, il répondit non, d’un signe de tête. La mourante, comme soulagée par son premier vomissement, était restée inerte, les yeux fermés. Mais, une seconde fois, la nausée affreuse revint, elle vomit un nouveau flot de déjections noires, mêlées à du sang violâtre. Puis, elle eut encore un moment de calme, elle ouvrit les yeux, aperçut la Grivotte, qui mangeait