Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/415

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tandis que le père Dargelès, à l’un des bouts, écrivait une note pour son journal. Et, justement, le docteur Bonamy était en train d’examiner le lupus d’Élise Rouquet, qui, pour la troisième fois, venait faire constater la cicatrisation croissante de sa plaie.

— Enfin, messieurs, s’écriait le docteur, avez-vous jamais vu un lupus s’amender de la sorte, si rapidement ?… Je sais bien qu’un nouvel ouvrage a paru sur la foi qui guérit, où il est dit que certaines plaies peuvent être d’origine nerveuse. Seulement, rien n’est moins prouvé, dans le cas du lupus, et je défie qu’une commission de médecins s’assemble et s’entende pour expliquer, par les voies ordinaires, la guérison de mademoiselle…

Il s’interrompit, il se tourna vers le père Dargelès.

— Vous avez bien noté, mon père, que la suppuration a disparu complètement et que la peau reprend sa couleur naturelle ?

Mais il n’attendit pas la réponse, Marie entrait, suivie de Pierre ; et, tout de suite, il devina le coup de fortune qui lui arrivait, au rayonnement dont resplendissait la miraculée. Elle était admirable, faite pour entraîner et convertir les foules. Vivement, il renvoya Élise Rouquet, demanda le nom de la nouvelle venue, réclama le dossier à l’un des jeunes prêtres. Puis, comme elle chancelait, il voulut la faire asseoir dans le fauteuil.

— Oh ! non, oh ! non, s’écria-t-elle. Je suis si heureuse de me servir de mes jambes !

Pierre, d’un regard, avait cherché le docteur Chassaigne, désolé de ne pas le trouver là. Il se tint à l’écart, il attendit, pendant qu’on fouillait les tiroirs en désordre, sans pouvoir mettre la main sur le dossier.

— Voyons, répétait le docteur Bonamy, Marie de Guersaint, Marie de Guersaint… J’ai vu ce nom à coup sûr.

Enfin, Raboin découvrit le dossier, classé à une fausse lettre alphabétique ; et, quand le docteur eut pris connaissance