fille, folle de son corps, en présence d’une virginité si enfantine et attardée. Mais la vendeuse adroite qu’elle était se répandit en paroles aimables.
— Ah ! mademoiselle, je serai si heureuse de vous vendre ! c’est tellement beau, votre miracle !… Voyez, tout le magasin est à vous. Nous avons le plus grand choix.
Marie était gênée.
— Je vous remercie, vous êtes bien aimable… Nous ne venons vous acheter que des petites choses.
— Si vous le permettez, dit M. de Guersaint, nous allons faire notre choix nous-mêmes.
— Eh bien ! c’est cela, choisissez, monsieur. Ensuite, nous verrons.
Et, comme d’autres clients entraient, Appoline les oublia, reprit son métier de jolie vendeuse, avec des mots de caresse, des gestes de séduction, surtout pour les hommes, qu’elle ne laissait partir que les poches pleines d’achats.
Il restait deux francs à M. de Guersaint sur le louis que Blanche, sa fille aînée, lui avait glissé, au départ, comme argent de poche. Aussi n’osait-il trop se lancer dans son choix. Mais Pierre déclara qu’on lui causerai beaucoup de peine, si on ne lui permettait pas d’offrir à ses amis les quelques objets qu’ils emporteraient de Lourdes. Dès lors, il fut convenu qu’on choisirait d’abord un cadeau pour Blanche, puis que Marie et son père prendraient chacun le souvenir qui lui plairait le mieux.
— Ne nous pressons pas, répétait M. de Guersaint très égayé. Voyons, Marie, cherche bien… Qu’est-ce qui ferait le plus de plaisir à Blanche ?
Tous les trois regardaient, furetaient, fouillaient. Seulement, leur indécision augmentait à mesure qu’ils passaient d’un objet à un autre. Le vaste magasin, avec ses