Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/522

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Dès deux heures et demie, le train blanc, qui allait quitter Lourdes à trois heures quarante, se trouva en gare, le long du deuxième quai. Il avait attendu trois jours, sur une voie de garage, tout formé, tel qu’il était arrivé de Paris ; et, depuis qu’on venait de l’amener là, des drapeaux blancs flottaient sur les wagons de tête et de queue, pour l’indiquer aux pèlerins, dont l’embarquement d’ordinaire était très long et fort laborieux. Les quatorze trains du pèlerinage national, d’ailleurs, devaient repartir ce jour-là. À dix heures du matin, le train vert était parti, puis le train rose, puis le train jaune ; et, après le train blanc, les autres, l’orangé, le gris, le bleu suivraient. C’était encore, pour le personnel de la gare, une journée terrible, un tumulte, une bousculade, qui affolaient les employés.

Mais le départ du train blanc était toujours le vif intérêt, la grosse émotion de la journée, car il emportait les grands malades qu’il avait apportés, et parmi lesquels se trouvaient naturellement les bien-aimés de la sainte Vierge, les élus du miracle. Aussi une foule se pressait-elle sous la marquise, obstruant le vaste promenoir couvert, long d’une centaine de mètres. Tous les bancs étaient occupés, encombrés de pèlerins et de paquets, qui attendaient déjà. À l’un des bouts, on avait pris d’assaut les petites tables du buffet, des hommes buvaient de la bière, des femmes se faisaient servir de la limonade gazeuse ; tandis que,