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IV


Comme le train s’ébranlait, la portière se rouvrit, et un employé poussa une fillette de quatorze ans, dans le compartiment où étaient Marie et Pierre.

— Tenez ! il y a une place, dépêchez-vous !

Déjà, les faces s’allongeaient, on allait protester. Mais sœur Hyacinthe s’était écriée :

— Comment ! c’est vous, Sophie ! Vous revenez donc voir la sainte Vierge qui vous a guérie, l’année dernière ?

Et madame de Jonquière disait en même temps :

— Ah ! ma petite amie Sophie, c’est très bien, d’avoir de la reconnaissance !

— Mais oui, ma sœur ! mais oui, madame ! répondit gentiment la fillette.

D’ailleurs, la portière s’était refermée, et il fallait bien accepter cette nouvelle pèlerine, comme tombée du ciel, au moment où partait le train, qu’elle avait failli manquer. Elle était mince, elle ne tiendrait pas beaucoup de place. Puis, ces dames la connaissaient, tous les yeux des malades s’étaient fixés sur elle, en entendant dire que la sainte Vierge l’avait guérie. Mais on était sorti de la gare, la machine soufflait dans le branle croissant des roues, et sœur Hyacinthe répéta, en tapant dans ses mains :

— Allons, allons, mes enfants, le Magnificat !

Pendant que le chant d’allégresse montait au milieu des secousses, Pierre regardait Sophie. C’était visible-