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II


Le mariage était pour midi ; et, depuis une demi-heure, les invités avaient envahi l’église, décorée avec un luxe extraordinaire, ornée de plantes vertes, embaumée de fleurs. Au fond, le maître-autel flambait de mille cierges, tandis que la grande porte, ouverte à deux battants, laissait voir, dans le clair soleil, le péristyle garni d’arbustes, les marches recouvertes d’un large tapis, la foule curieuse, entassée sur la place, et jusque dans la rue Royale.

Dutheil, qui venait encore de trouver trois chaises pour des dames en retard, dit à Massot, en train de prendre des noms sur un carnet :

— Ma foi ! celles qui viendront maintenant, resteront debout.

— Comment les nomme-t-on, ces trois-là ? demanda le journaliste.

— La duchesse de Boisemont et ses deux filles.

— Bigre ! tout l’armorial de la France, et toute la finance, et toute la politique. C’est mieux encore qu’un mariage bien parisien.

En effet, tous les mondes se trouvaient réunis là, un peu gênés d’abord de s’y rencontrer. Pendant que les Duvillard amenaient les maîtres de l’argent, les hommes au pouvoir, madame de Quinsac et son fils étaient assistés des plus grands noms de l’aristocratie. Le choix des témoins disait à lui seul ce mélange étonnant : pour Gérard, le général de Bozonnet, son oncle, et le marquis de Morigny ; pour Camille, le grand banquier Louvard,