Page:Zola - Les Trois Villes - Paris, 1898.djvu/586

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riche de province, un roman d’amour, une fuite aux bras de l’homme choisi ; puis, la malchance, le ménage qui se gâtait, le mari qui mourait. Et, dans son veuvage cloîtré, après la perte des quelques sous qui lui avaient permis d’élever son fils, il ne lui restait que ce fils, son Victor, son adoration, sa foi, qu’elle voulait croire toujours très occupé, absorbé par son travail, à la veille d’une situation superbe, digne de son mérite. Et, brusquement, elle apprenait que ce fils était le plus exécrable des assassins, qu’il avait jeté une bombe dans un café et tué trois hommes.

Lorsque madame Mathis revint à elle, grâce aux bons soins de Mère-Grand, elle sanglota sans fin, elle jeta une telle plainte continue de détresse, que les mains de Pierre et de Guillaume se cherchèrent encore, se reprirent, tandis que leurs êtres bouleversés et guéris se fondaient l’un dans l’autre.