Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/176

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le flanc du mont. Les annexes des palais avaient dû descendre jusque-là : des restes de portiques, des salles effondrées, des colonnes et des frises remises debout bordaient le sentier raboteux qui tournait parmi des herbes folles de cimetière ; et le guide, récitant ce qu’il savait si bien pour l’avoir répété quotidiennement depuis dix années, continuait à affirmer les hypothèses les moins sûres, en donnant à chaque débris un nom, un emploi, une histoire.

— La maison d’Auguste, finit-il par dire, avec un geste de la main qui indiquait des éboulis de terre.

Cette fois, Pierre, n’apercevant absolument rien, se hasarda à demander :

— Où donc ?

— Ah ! monsieur l’abbé, il paraît qu’on en voyait encore la façade à la fin du siècle dernier. On y entrait de l’autre côté, par la voie Sacrée. De ce côté-ci, il y avait un vaste balcon, qui dominait le grand Cirque Maxime, et d’où l’on assistait aux jeux… D’ailleurs, comme vous pouvez le constater, le palais se trouve encore presque totalement enfoui sous ce grand jardin, là-haut, le jardin de la villa Mills ; et, quand on aura l’argent pour les fouilles, on le retrouvera, c’est certain, ainsi que le temple d’Apollon et celui de Vesta, qui l’accompagnaient.

Il tourna à gauche, entra dans le Stade, le petit cirque pour les courses à pied, qui s’allongeait au flanc même de la maison d’Auguste ; et, cette fois, le prêtre, saisi, commença à se passionner. Ce n’était point qu’il y eût là une ruine suffisamment conservée et d’aspect monumental ; aucune colonne n’était restée en place, seules les murailles de droite se dressaient encore ; mais on avait retrouvé tout le plan, les bornes à chaque bout, le portique autour de la piste, la loge de l’empereur, colossale, qui, après avoir été à gauche, dans la maison d’Auguste, s’était ouverte ensuite à droite, encastrée dans le palais de Septime Sévère. Et le guide allait toujours, au milieu