Aller au contenu

Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

murales, des scènes mythologiques, des fleurs et des fruits, d’une singulière fraîcheur. Quant à la maison de Tibère, il n’en paraît absolument rien, les restes en sont cachés sous l’adorable jardin public, qui continue, sur le plateau, les anciens jardins Farnèse ; et, de la maison de Caligula, à côté, au-dessus du Forum, il n’existe, comme pour la maison de Septime Sévère, que des substructions énormes, des contreforts, des étages entassés, des arcades hautes qui portaient le palais, sortes d’immenses sous-sols, où la domesticité et les postes de gardes vivaient, gorgés, dans de continuelles ripailles. Tout ce haut sommet, dominant la ville, n’offrait donc que des vestiges à peine reconnaissables, de vastes terrains gris et nus, creusés par la pioche, hérissés de quelques pans de vieux murs ; et il fallait un effort d’imagination érudite pour reconstituer l’antique splendeur impériale qui avait triomphé là.

Le guide n’en poursuivait pas moins ses explications, avec une conviction tranquille, montrant le vide, comme si les monuments se fussent encore dressés devant lui.

— Ici, nous sommes sur la place Palatine. Vous voyez, la façade du palais de Domitien est à gauche, la façade du palais de Caligula est à droite ; et, en vous tournant, vous avez en face de vous le temple de Jupiter Stator… La voie Sacrée montait jusqu’à cette place et passait sous la porte Mugonia, une des trois anciennes portes de la Rome primitive.

Il s’interrompit, indiquant d’un geste la partie nord-ouest du mont.

— Vous avez remarqué que, de ce côté, les Césars n’ont point bâti. C’est évidemment qu’ils ont dû respecter de très anciens monuments, antérieurs à la fondation de la ville et vénérés du peuple. Là étaient le temple de la Victoire bâti par Evandre et ses Arcadiens, l’antre lupercal que je vous ai montré, l’humble cabane de Romulus, faite de roseaux et de terre… Tout cela a été retrouvé,