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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/202

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marbre. On aurait dit les dessins puérils que les gamins des rues tracent sur les murs.

— Vous voyez, continuait le trappiste, le plus souvent il n’y a qu’un nom ; parfois même pas de nom, et simplement les mots in pace… D’autres fois, il y a un emblème, la colombe de la pureté, la palme du martyre, ou bien le poisson, dont le nom grec est composé de cinq lettres, qui sont les initiales des cinq mots grecs : Jésus-Christ, fils de Dieu, Sauveur des hommes.

Il approchait de nouveau la petite flamme, et l’on distinguait la palme, un seul trait central, hérissé de quelques autres petits traits, la colombe ou le poisson, faits d’un contour, avec la queue figurée par un zigzag, l’œil par un point rond. Les lettres des inscriptions brèves s’en allaient de travers, inégales, déformées, la grosse écriture des ignorants et des simples.

Mais on était arrivé à une crypte, à une sorte de petite salle, où l’on avait retrouvé les tombeaux de plusieurs papes, entre autres celui de Sixte II, un saint martyr, en l’honneur duquel on y voyait une inscription métrique superbe, placée là par le pape Damase. Puis, dans une salle voisine, aussi étroite, un caveau de famille décoré plus tard de naïves peintures murales, on montrait la place où l’on avait découvert le corps de sainte Cécile. Et l’explication continuait, le religieux commentait les peintures, en tirait avec force la confirmation irréfutable de tous les sacrements et de tous les dogmes, le baptême, l’eucharistie, la résurrection, Lazare sortant du tombeau, Jonas rejeté par la baleine, Daniel dans la fosse aux lions, Moïse faisant jaillir l’eau du rocher, le Christ sans barbe des premiers âges accomplissant des miracles.

— Vous voyez bien, répétait-il, tout est là, ça n’a pas été préparé, et rien n’est plus authentique.

Sur une question de Pierre, dont l’étonnement augmentait, il convint que les catacombes étaient primitivement de simples cimetières et qu’aucune cérémonie religieuse