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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/251

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de flamme qui ne pouvait mourir. Des vases antiques, des statues antiques, d’une nudité blanche sous le soleil couchant, bordaient le parterre. Et, dominant l’odeur des eucalyptus et des pins, plus forte aussi que l’odeur des oranges mûrissantes, une odeur s’élevait, celle des grands buis amers, si chargée de vie âpre, qu’elle troublait au passage, comme l’odeur même de la virilité de ce vieux sol, saturé de poussières humaines.

— C’est bien extraordinaire que nous n’ayons pas rencontré Sa Sainteté, disait Narcisse. Sans doute, la voiture aura pris par l’autre allée du bois, tandis que nous nous arrêtions à la tour de Léon IV.

Il en était revenu à son cousin, monsignor Gamba del Zoppo, il expliquait que la fonction de « Copiere », d’échanson du pape, que celui-ci aurait dû remplir, comme un des quatre camériers secrets participants, n’était plus qu’une charge purement honorifique, surtout depuis que les dîners diplomatiques et les dîners de consécration épiscopale avaient lieu à la Secrétairerie d’État, chez le cardinal secrétaire. Monsignor Gamba del Zoppo, dont la nullité poltronne était légendaire, ne semblait avoir d’autre rôle que de récréer Léon XIII, qui l’aimait beaucoup, pour ses flatteries continuelles et pour les anecdotes qu’il en tirait sur tous les mondes, le noir et le blanc. Ce gros homme aimable, obligeant même tant que son intérêt n’entrait pas en jeu, était une véritable gazette vivante, au courant de tout, ne dédaignant pas les commérages des cuisines ; de sorte qu’il s’acheminait tranquillement vers le cardinalat, certain d’avoir le chapeau, sans se donner d’autre peine que d’apporter les nouvelles, aux heures douces de la promenade. Et Dieu savait s’il trouvait sans cesse d’amples moissons à faire, dans ce Vatican fermé où s’agite un tel pullulement de prélats de toutes sortes, dans cette famille pontificale, sans femmes, composée de vieux garçons portant la robe, que travaillent sourdement des ambitions démesurées, des luttes sourdes et abominables,