Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/295

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des quelques ouvriers qui vivent à demeure sur la basilique, en continuels travaux d’entretien. Une petite population s’y agite, travaille, aime, mange et dort. Mais il voulut s’approcher de la balustrade, curieux d’examiner de près les colossales statues du Sauveur et des Apôtres, dont la façade est surmontée, au-dessus de la place Saint-Pierre, des géants de six mètres, sans cesse en réparation, dont les bras les jambes, les têtes, à demi mangés par le grand air, ne tiennent plus qu’à l’aide de ciment, de barres et de crampons ; et, comme il se penchait pour jeter un coup d’œil sur l’entassement roux des toits du Vatican, il lui sembla que le cri qu’il fuyait s’élevait de la place. En hâte, il reprit son ascension, dans le pilier qui menait à la coupole. Ce fut un escalier d’abord, puis des couloirs étranglés et obliques, des rampes coupées de quelques marches, entre les deux parois de la coupole double, l’intérieure et l’extérieure. Une première fois, curieusement, il poussa une porte, il rentra dans la basilique, à plus de soixante mètres du sol, sur une étroite galerie qui faisait le tour du dôme, juste au-dessus de la frise, où se lisait l’inscription : Tu es Petrus et super hanc petram…, en lettres de sept pieds de haut ; et, s’étant accoudé pour regarder l’effroyable trou qui se creusait sous lui, avec des échappées profondes sur les transepts et sur les nefs, il reçut violemment au visage le cri le cri délirant de la foule, dont le grouillement énorme, en bas, clamait toujours. Plus haut, une seconde fois, il poussa une porte encore, il trouva une autre galerie, cette fois au-dessus des fenêtres, à la naissance des resplendissantes mosaïques, d’où la foule lui parut diminuée, reculée, perdue dans le vertige de l’abîme, au fond duquel les statues géantes, l’autel de la Confession, le baldaquin triomphal du Bernin, n’étaient plus que des joujoux ; et, pourtant, le cri, le cri d’idolâtrie et de guerre s’éleva de nouveau, le souffleta avec une rudesse d’ouragan, dont la course accroît la force. Il dut