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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/340

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bonne œuvre, faisaient de même, lorsque Dario, qui lui aussi s’était joint à sa cousine, eut une idée gentille, désireux de ne pas oublier la Pierina, à qui il n’osait offrir de l’argent. Il posa légèrement les doigts sur ses lèvres, il dit avec un léger rire :

— Pour la beauté.

Et cela fut vraiment doux et joli, ce baiser envoyé, ce rire qui s’en moquait un peu, ce prince familier, que touchait l’adoration muette de la belle perlière, comme dans une histoire d’amour du temps jadis.

La Pierina devint toute rouge de contentement et elle perdit la tête, elle se jeta sur la main de Dario, y colla ses lèvres chaudes dans un mouvement irraisonné, où il entrait autant de divine reconnaissance que de tendresse amoureuse. Mais les yeux de Tito avaient flambé de colère, il saisit brutalement sa sœur par sa jupe, l’écarta du poing, en grondant sourdement.

— Toi, tu sais, je te tuerai, et lui aussi.

Il était grand temps de partir, car d’autres femmes, ayant flairé l’argent, s’approchaient, tendaient la main, lançaient des enfants en larmes. Un émoi agitait le misérable quartier des grandes bâtisses abandonnées, un cri de détresse montait des rues mortes, aux plaques de marbre retentissantes. Et que faire ? On ne pouvait donner à tous. Il n’y avait que la fuite, le cœur débordé de tristesse, devant cette conclusion de la charité impuissante.

Lorsque Benedetta et Dario furent revenus à leur voiture, ils se hâtèrent d’y monter, ils se serrèrent l’un contre l’autre, ravis d’échapper à un tel cauchemar. Elle était heureuse pourtant de s’être montrée brave devant Pierre ; et elle lui serra la main en élève attendrie, lorsque Narcisse eut déclaré qu’il gardait le prêtre, pour l’emmener déjeuner au petit restaurant de la place Saint-Pierre, d’où l’on avait une vue si intéressante sur le Vatican.

— Buvez du petit vin blanc de Genzano, leur cria Dario