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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/347

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les mains des différents nonces, qu’il chargeait ainsi de le faire fructifier à l’étranger. Mais, après la mort du cardinal Antonelli, son remplaçant, le cardinal Simeoni, redemanda l’argent aux nonces pour le placer à Rome. Ce fut alors que, dès son avènement, Léon XIII composa, dans le but de gérer le patrimoine, une commission de cardinaux, dont monsignor Folchi fut nommé secrétaire. Ce prélat, qui joua pendant douze années un rôle considérable, était le fils d’un employé de la Daterie, lequel laissa un million d’héritage, gagné dans d’adroites opérations. Très habile lui-même, tenant de son père, il se révéla comme un financier de premier ordre, de sorte que la commission, peu à peu, lui abandonna tous ses pouvoirs, le laissa agir complètement à son gré, en se contentant d’approuver le rapport qu’il présentait à chaque séance. Le patrimoine ne produisait guère qu’un million de rente, et comme le budget des dépenses était de sept millions, il fallait en trouver six autres. Sur le denier de Saint-Pierre, le pape donna donc annuellement trois millions à monsignor Folchi, qui, pendant les douze années de sa gestion, accomplit le prodige de les doubler, par la science de ses spéculations et de ses placements, de façon à faire face au budget, sans jamais entamer le patrimoine. Ainsi, dans les premiers temps, il réalisa des gains considérables, en jouant à Rome sur les terrains. Il prenait des actions de toutes les entreprises nouvelles, il jouait sur les moulins, sur les omnibus, sur les conduites d’eau ; sans compter tout un agio mené de concert avec une banque catholique, la Banque de Rome. Émerveillé de tant d’adresse, le pape qui, jusque-là, avait spéculé de son côté, par l’intermédiaire d’un homme de confiance, nommé Sterbini, le congédia et chargea monsignore Folchi de faire travailler son argent, puisqu’il faisait travailler si rudement celui du Saint-Siège. Ce fut l’époque de la grande faveur du prélat, l’apogée de sa toute-puissance. Les mauvais jours commentaient, le sol