Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/429

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et trop librement ? Est-ce que, si l’on me permettait de le voir, je n’obtiendrais pas tout de suite de lui la cessation des poursuites ?

Monsignor Fornaro ne parlait plus, se contentait de hocher la tête, sans se fâcher de la fougue juvénile du prêtre. Au contraire, il souriait avec une amabilité croissante, comme très amusé par tant d’innocence et tant de rêve. Enfin, il répondit gaiement :

— Allez, allez ! ce n’est pas moi qui vous arrêterai, il m’est défendu de rien dire… Mais le pouvoir temporel, le pouvoir temporel…

— Eh bien ! le pouvoir temporel ? demanda Pierre.

De nouveau, le prélat ne parlait plus. Il levait au ciel sa face aimable, il agitait joliment ses mains blanches. Et, quand il reprit, ce fut pour ajouter :

— Puis, il y a votre religion nouvelle… Car le mot y est deux fois, la religion nouvelle, la religion nouvelle… Ah ! Dieu !

Il s’agita davantage, il se pâma, à ce point, que Pierre, saisi d’impatience, s’écria :

— Je ne sais quel sera votre rapport, monseigneur, mais je vous affirme que jamais je n’ai entendu attaquer le dogme. Et, de bonne foi, voyons ! cela ressort de tout mon livre, je n’ai voulu faire qu’une œuvre de pitié et de salut… Il faut, en bonne justice, tenir compte des intentions.

Monsignor Fornaro était redevenu très calme, très paterne.

— Oh ! les intentions, les intentions…

Il se leva, pour congédier le visiteur.

— Soyez convaincu, mon cher monsieur Froment, que je suis très honoré de votre démarche près de moi… Naturellement, je ne puis vous dire quel sera mon rapport, nous en avons déjà trop causé, et j’aurais dû même refuser d’entendre votre défense. Vous ne m’en trouverez pas moins prêt à vous être agréable en tout ce qui n’ira