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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/461

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Bambino », qui guérissait les enfants malades ; Sant’ Agostino avait la « Madonna del Parto », la Vierge qui délivrait heureusement les femmes enceintes. D’autres étaient réputées pour l’eau de leurs bénitiers, l’huile de leurs lampes, la puissance d’un saint de bois ou d’une madone de marbre. D’autres semblaient délaissées, abandonnées aux touristes, livrées à la petite industrie des bedeaux, telles que des musées, peuplés de dieux morts. D’autres enfin restaient troublantes, comme Santa-Maria-Rotonda, installée dans le Panthéon, une salle ronde qui tient du cirque, et où la Vierge est demeurée l’évidente locataire de l’Olympe. Il s’était intéressé aux églises des quartiers pauvres, à Saint-Onuphre, à Sainte-Cécile, à Sainte-Marie du Transtévère, sans y rencontrer la foi vive, le flot populaire qu’il espérait. Un après-midi, dans cette dernière complètement vide, il avait entendu des chantres chanter à pleine voix, un lamentable chant au milieu de cette solitude. Un autre jour, étant entré à San Crisogono, il l’avait trouvé tendu, sans doute pour une fête du lendemain : les colonnes dans des fourreaux de damas rouge, les portiques sous des lambrequins et des rideaux alternés, jaunes et bleus, blancs et rouges ; et il avait fui, devant cette affreuse décoration, d’un clinquant de foire. Ah ! qu’il était loin des cathédrales où, dans son enfance, il avait cru et prié ! Partout, il retrouvait la même église, l’ancienne basilique antique, accommodée au goût de la Rome du dernier siècle par le Bernin ou ses élèves. À Saint-Louis des Français, dont le style est meilleur, d’une sobriété élégante, il ne fut ému que par les grands morts, les héros et les saints, qui dormaient sous les dalles, dans la terre étrangère. Et, comme il cherchait du gothique, il finit par aller voir Sainte-Marie de la Minerve, qu’on lui disait être le seul échantillon du style gothique à Rome. Ce fut pour lui la stupéfaction dernière, ces colonnes engagées recouvertes de marbre, ces ogives qui n’osent s’élancer, étouffées dans le plein cintre, ces voûtes