remarquant l’émoi de Pierre. Le palais semblait inhabité, pas un bruit ne venait des salles closes. Elle désigna simplement une grande porte de chêne, à droite.
— Son Éminence occupe ici l’aile sur la cour et sur la rivière, oh ! pas le quart de l’étage seulement… On a fermé tous les salons de réception sur la rue. Comment voulez-vous entretenir une pareille halle, et pour quoi faire ? Il faudrait du monde.
Elle continuait de monter de son pas alerte, restée étrangère, trop différente sans doute pour être pénétrée par le milieu ; et, au second étage, elle reprit :
— Tenez ! voici, à gauche, l’appartement de donna Serafina et, à droite, voici celui de la contessina. C’est le seul coin de la maison un peu chaud, où l’on se sente vivre… D’ailleurs, c’est lundi aujourd’hui, la princesse reçoit ce soir. Vous verrez ça.
Puis, ouvrant une porte qui donnait sur un autre escalier, très étroit :
— Nous autres, nous logeons au troisième… Si monsieur l’abbé veut bien me permettre de passer devant lui ?
Le grand escalier d’honneur s’arrêtait au second ; et elle expliqua que le troisième étage était seulement desservi par cet escalier de service, qui descendait à la ruelle longeant le flanc du palais, jusqu’au Tibre. Il y avait là une porte particulière, c’était très commode.
Enfin, au troisième, elle suivit un corridor, elle montra de nouveau des portes.
— Voici le logement de don Vigilio, le secrétaire de Son Éminence… Voici le mien… Et voici celui qui va être le vôtre… Chaque fois que monsieur le vicomte vient passer quelques jours à Rome, il n’en veut pas d’autre. Il dit qu’il est plus libre, qu’il sort et qu’il rentre quand il veut. Je vous donnerai, comme à lui, une clé de la porte en bas… Et puis, vous allez voir quelle jolie vue !
Elle était entrée. Le logement se composait de deux pièces, un salon assez vaste, tapissé d’un papier rouge à