Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/638

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faciliter l’accord… Et c’est comme notre rôle dans le socialisme contemporain, il faut s’entendre. Certes, ceux que vous avez si bien nommés les déshérités de ce monde, sont l’objet de notre sollicitude. Si le socialisme est simplement un désir de justice, une volonté constante de venir au secours des faibles et des souffrants, qui donc plus que nous s’en préoccupe, y travaille avec plus d’énergie ? Est-ce que l’Église n’a pas toujours été la mère des affligés, l’aide et la bienfaitrice des pauvres ? Nous sommes pour tous les progrès raisonnables, nous admettons toutes les formes sociales nouvelles qui aideront à la paix, à la fraternité… Seulement, nous ne pouvons que condamner le socialisme qui commence par chasser Dieu pour assurer le bonheur des hommes. C’est là un simple état de sauvagerie, un abominable retour en arrière, où il n’y aura que catastrophes, qu’incendies et que massacres. Et c’est encore ce que vous n’avez pas dit avec assez de force, car vous n’avez pas démontré qu’aucun progrès ne saurait avoir lieu en dehors de l’Église, qu’elle est en somme la seule initiatrice, la seule conductrice, à laquelle il soit permis de s’abandonner sans crainte. Même, et c’est là votre crime encore, il m’a semblé que vous mettiez Dieu à l’écart, que la religion demeurait uniquement pour vous un état d’âme, une floraison d’amour et de charité, où il suffisait de se trouver, pour faire son salut. Hérésie exécrable, Dieu est toujours présent, maître des âmes et des corps, la religion reste le lien, la loi, le gouvernement même des hommes, sans laquelle il ne saurait y avoir que barbarie en ce monde et damnation dans l’autre… Et, encore une fois, la forme n’importe pas, il suffit que le dogme demeure. Ainsi, notre adhésion à la République, en France, prouve que nous n’entendons pas lier le sort de la religion à une forme gouvernementale, même auguste et séculaire. Si les dynasties ont fait leur temps, Dieu est éternel. Périssent les rois, et que Dieu vive ! D’ailleurs, la forme républicaine n’a rien d’antichrétien,