une parole d’amour ne les troublaient, dans leur amitié purement intellectuelle.
Un soir, Adèle, plus grave que de coutume, s’expliqua avec netteté après avoir regardé longuement Ferdinand de son clair regard. Elle l’avait sans doute assez étudié, l’heure était venue de prendre une résolution.
« Écoutez, dit-elle. Il y a longtemps que je veux vous parler d’un projet… Aujourd’hui, je suis seule. Ma mère ne compte guère. Et vous me pardonnerez, si je vous parle directement… »
Il attendait, surpris. Alors, sans un embarras, avec une grande simplicité, elle lui montra sa position, elle revint sur les plaintes continuelles qu’il laissait échapper. L’argent seul lui manquait. Il serait célèbre dans quelques années, s’il avait eu les premières avances nécessaires pour travailler librement et se produire à Paris.
« Eh bien ! conclut-elle, permettez-moi de venir à votre aide. Mon père m’a laissé cinq mille francs de rente, et je puis en disposer tout de suite, car le sort de ma mère est également assuré. Elle n’a aucun besoin de moi. »
Mais Ferdinand se récriait. Jamais il n’accepterait un pareil sacrifice, jamais il ne la dépouillerait. Elle le regardait fixement, voyant qu’il n’avait pas compris.
« Nous irions à Paris, reprit-elle avec lenteur, l’avenir serait à nous… »
Puis, comme il restait effaré, elle eut un sourire,