perpétuel embellit l’atelier de la rue d’Assas. Adèle, malgré cette idée que tout lui venait de Ferdinand, n’avait aucune humilité ; car la pensée qu’elle avait fait ces choses lui suffisait. Elle assistait avec un sourire attendri à l’épanouissement du bonheur qu’elle voulait et qu’elle cultivait. Sans que cette idée eût rien de bas, elle se disait que sa fortune avait seule pu réaliser ce bonheur. Aussi tenait-elle sa place, en se sentant nécessaire. Il n’y avait, dans son admiration et dans son adoration, que le tribut volontaire d’une personnalité qui consent à se laisser absorber, au profit d’une œuvre qu’elle regarde comme sienne et dont elle entend vivre. Les grands arbres du Luxembourg verdissaient, des chants d’oiseaux entraient dans l’atelier, avec les souffles tièdes des belles journées. Chaque matin, de nouveaux journaux arrivaient, avec des éloges ; on publiait le portrait de Ferdinand, on reproduisait son tableau par tous les procédés et dans tous les formats. Et les deux jeunes mariés buvaient cette publicité bruyante, sentaient avec une joie d’enfants l’énorme et éclatant Paris s’occuper d’eux, tandis qu’ils déjeunaient sur leur petite table, dans le silence délicieux de leur retraite.
Cependant, Ferdinand ne s’était pas remis au travail. Il vivait dans la fièvre, dans une surexcitation qui lui ôtait, disait-il, toute la sûreté de la main. Trois mois avaient passé, il renvoyait toujours