Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/158

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il me sembla qu’on venait de changer la bougie. Enfin, Simoneau reparut.

— Eh bien ? lui demanda à demi-voix la vieille femme.

— Tout est réglé, répondit-il. Le convoi est pour demain onze heures… Ne vous inquiétez de rien et ne parlez pas de ces choses devant cette pauvre femme.

Madame Gabin reprit quand même :

— Le médecin des morts n’est pas venu encore.

Simoneau alla s’asseoir près de Marguerite, l’encouragea, et se tut. Le convoi était pour le lendemain onze heures : cette parole retentissait dans mon crâne comme un glas. Et ce médecin qui ne venait point, ce médecin des morts, comme le nommait madame Gabin ! Lui, verrait bien tout de suite que j’étais simplement en léthargie. Il ferait le nécessaire, il saurait m’éveiller. Je l’attendais dans une impatience affreuse.

Cependant, la journée s’écoula. Madame Gabin, pour ne pas perdre son temps, avait fini par apporter ses abat-jour.

Même, après en avoir demandé la permission à Marguerite, elle fit venir Dédé, parce que, disait-elle, elle n’aimait guère laisser les enfants longtemps seuls.

— Allons, entre, murmura-t-elle en amenant