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Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/216

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cheraud. Cette fois, c’était le coup de foudre. Elle avait un petit chapeau jaune, couvert d’une branche de glycine ; et sa robe était de soie mauve, garnie de satin paille, une toilette très voyante et très tendre à la fois. Mais je ne l’ai détaillée que plus tard ; car, à première vue, elle m’est apparue dans du soleil, comme si elle avait fait de la lumière autour d’elle.

Cependant, Félix causait.

— Hein ? rien de fort, disait-il. Je n’ai encore rien vu.

— Mon Dieu ! a déclaré Berthe, c’est comme toutes les années.

Puis, se retournant vers la cimaise :

— Regardez donc ce petit tableau que Louise a découvert. La robe est d’un réussi ! Mme de Rochetaille en avait une exactement pareille, au dernier bal de l’Élysée.

— Oui, a murmuré Louise ; seulement les ruchés descendaient en carré sur le tablier.

Elles étudiaient de nouveau la petite toile, qui représentait une dame dans un boudoir, debout devant une cheminée, et lisant une lettre. La peinture m’a semblé très médiocre, mais je me suis senti plein de sympathie pour le peintre.

— Où est-il donc ? a demandé Berthe brusque-