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Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/22

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bauches que la ville pouvait offrir, une ville où manquaient les filles libres qui peuplent à Paris le quartier latin. Lorsque ses soirées ne lui suffirent plus, il s’arrangea pour avoir également ses nuits, en volant une clé de la maison. De cette manière, il passa heureusement ses années de droit.

Du reste, Frédéric avait compris qu’il devait se montrer un fils docile. Toute une hypocrisie d’enfant courbé par la peur lui était peu à peu venue. Sa mère, maintenant, se déclarait satisfaite : il la conduisait à la messe, gardait une allure correcte, lui contait tranquillement des mensonges énormes, qu’elle acceptait, devant son air de bonne foi. Et son habileté devint telle, que jamais il ne se laissa surprendre, trouvant toujours une excuse, inventant d’avance des histoires extraordinaires pour se préparer des arguments. Il payait ses dettes de jeu avec de l’argent emprunté à des cousins. Il tenait toute une comptabilité compliquée. Une fois, après un gain inespéré, il réalisa même ce rêve d’aller passer une semaine à Paris, en se faisant inviter par un ami, qui possédait une propriété près de la Durance.

Au demeurant, Frédéric était un beau jeune