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III


Dix jours se sont écoulés. Félix a disparu, je ne trouve aucun prétexte qui puisse me rapprocher de madame Neigeon. J’en suis réduit, pour m’occuper d’elle, à acheter cinq ou six grands journaux, où je lis le nom de son mari. Il est intervenu à la Chambre, dans un grave débat, et a prononcé un discours dont on s’occupe beaucoup. Ce discours, à une autre époque, m’aurait paru assommant ; il m’intéresse aujourd’hui, je vois les tresses noires et le cou blanc de Louise, derrière les phrases filandreuses. J’ai même eu, avec un monsieur que je connais à peine, une discussion violente au sujet de M. Neigeon, dont je défends l’incapacité. Les attaques méchantes des journaux me mettent hors de moi. Sans doute, cet homme est imbécile ; mais cela prouve d’au-