Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



LES
COQUILLAGES DE M. CHABRE


I


Le grand chagrin de M. Chabre était de ne pas avoir d’enfant. Il avait épousé une demoiselle Catinot, de la maison Desvignes et Catinot, la blonde Estelle, grande belle fille de dix-huit ans ; et, depuis quatre ans, il attendait, anxieux, consterné, blessé de l’inutilité de ses efforts.

M. Chabre était un ancien marchand de grains retiré. Il avait une belle fortune. Bien qu’il eût mené la vie chaste d’un bourgeois enfoncé dans l’idée fixe de devenir millionnaire, il traînait à quarante-cinq ans des jambes alourdies de vieillard. Sa face blême, usée par les soucis de l’argent, était plate et banale comme un trottoir. Et il se désespérait, car un homme qui a gagné