Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/281

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C’étaient des nappes verdâtres, comme vivantes, remuant des feuilles découpées et pareilles à un fourmillement de pattes de crabes, les unes courtes, ramassées, tapies entre deux roches, les autres dégingandées, allongées et souples ainsi que des serpents. Elle jetait de petits cris, annonçant ses découvertes.

— Oh ! cette grosse pierre ! on dirait qu’elle bouge… Oh ! cet arbre, un vrai arbre, avec des branches !… Oh ! ça, c’est un poisson ! Il file raide.

Puis, tout d’un coup, elle se récria.

— Qu’est-ce que c’est donc ? un bouquet de mariée !… Comment ! il y a des bouquets de mariée dans la mer ?… Voyez, si on ne dirait pas des fleurs blanches. C’est très joli, très joli…

Aussitôt Hector plongea. Et il reparut, tenant une poignée d’herbes blanchâtres, qui tombèrent et se fanèrent en sortant de l’eau.

— Je vous remercie bien, dit Estelle. Il ne fallait pas vous donner la peine… Tiens ! mon ami, garde-moi ça.

Et elle jeta la poignée d’herbes aux pieds de M. Chabre. Pendant un instant encore, la jeune femme et le jeune homme nagèrent. Ils faisaient une écume bouillonnante, avançaient par brassées