Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/99

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de tête. C’était bien là ce qu’il désirait. Il ajouta :

— Si je croyais devoir être galant, je vous dirais que des conditions si dures me désespèrent. Mais nous sommes au-dessus de compliments aussi fades. Je suis très heureux de vous voir le courage de nos situations respectives. Nous entrons dans la vie par un sentier où l’on ne cueille pas de fleurs… Je ne vous demande qu’une chose, madame, c’est de ne point user de la liberté que je vous laisse, de façon à rendre mon intervention nécessaire.

— Monsieur ! dit violemment Flavie, dont l’orgueil se révolta.

Mais il s’inclina respectueusement, en la suppliant de ne point se blesser. Leur position était délicate, ils devaient tous deux tolérer certaines allusions, sans quoi la bonne entente devenait impossible. Il évita d’insister davantage. Mademoiselle Chuin, dans une seconde entrevue, lui avait conté la faute de Flavie. Son séducteur était un certain M. des Fondettes, le mari d’une de ses amies de couvent. Comme elle passait un mois chez eux, à la campagne, elle s’était trouvée un soir entre les bras de cet homme, sans savoir au juste comment cela avait pu se faire et jus-