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NANA

On éclata de rire, elle comprit qu’on se moquait d’elle.

— Êtes-vous bête ! Est-ce que je sais, moi, si vous plaisantez !

Cependant, Gaga en était restée à l’Exposition. Comme toutes ces dames, elle se réjouissait, elle s’apprêtait. Une bonne saison, la province et l’étranger se ruant dans Paris. Enfin, peut-être, après l’Exposition, si les affaires avaient bien marché, pourrait-elle se retirer à Juvisy, dans une petite maison qu’elle guettait depuis longtemps.

— Que voulez-vous ? disait-elle à la Faloise, on n’arrive à rien… Si l’on était aimée encore !

Gaga se faisait tendre parce qu’elle avait senti le genou du jeune homme se poser contre le sien. Il était très rouge. Elle, tout en zézayant, le pesait d’un coup d’œil. Un petit monsieur pas lourd ; mais elle n’était plus difficile. La Faloise obtint son adresse.

— Regardez donc, murmura Vandeuvres à Clarisse, je crois que Gaga vous fait votre Hector.

— Je m’en fiche pas mal ! répondit l’actrice. Il est idiot, ce garçon… Je l’ai déjà flanqué trois fois à la porte… Moi, vous savez, quand les gamins donnent dans les vieilles, ça me dégoûte.

Elle s’interrompit pour indiquer d’un léger signe Blanche, qui, depuis le commencement du dîner, se tenait penchée dans une position très incommode, se rengorgeant, voulant montrer ses épaules au vieux monsieur distingué, assis à trois places de distance.

— On vous lâche aussi, mon cher, reprit-elle.

Vandeuvres sourit finement, avec un geste d’insouciance. Certes, ce n’était pas lui qui aurait empêché cette pauvre Blanche d’avoir un succès. Le spectacle que donnait Steiner à toute la table l’intéressait davantage. On connaissait le banquier pour ses coups