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Page:Zola - Nana.djvu/460

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LES ROUGON-MACQUART

de sa jupe. À la cuisine, on chiffonnait, on se partageait les débris de madame.

Ce jour-là, Georges, malgré la défense de Nana, s’était introduit dans l’hôtel. François l’avait bien vu passer, mais les domestiques en arrivaient à rire entre eux des embarras de la bourgeoise. Il venait de se glisser jusqu’au petit salon, lorsque la voix de son frère l’arrêta ; et, cloué derrière la porte, il entendit toute la scène, les baisers, l’offre de mariage. Une horreur le glaçait, il s’en alla, imbécile, avec la sensation d’un grand vide sous le crâne. Ce fut seulement rue Richelieu, dans sa chambre, au-dessus de l’appartement de sa mère, que son cœur creva en furieux sanglots. Cette fois, il ne pouvait douter. Une image abominable toujours se levait devant ses yeux, Nana aux bras de Philippe ; et cela lui semblait un inceste. Quand il se croyait calmé, le souvenir revenait, une nouvelle crise de rage jalouse le jetait sur son lit, mordant les draps, criant des mots infâmes qui l’affolaient davantage. La journée se passa de la sorte. Il parla d’une migraine pour rester enfermé. Mais la nuit fut plus terrible encore, une fièvre de meurtre le secouait, dans de continuels cauchemars. Si son frère avait habité la maison, il serait allé le tuer d’un coup de couteau. Au jour, il voulut raisonner. C’était lui qui devait mourir, il se jetterait par la fenêtre, quand un omnibus passerait. Pourtant, il sortit vers dix heures ; il courut Paris, rôda sur les ponts, éprouva au dernier moment l’invincible besoin de revoir Nana. Peut-être d’un mot le sauverait-elle. Et trois heures sonnaient, comme il entrait dans l’hôtel de l’avenue de Villiers.

Vers midi, une nouvelle affreuse avait écrasé madame Hugon. Philippe était en prison de la veille au soir, on l’accusait d’avoir volé douze mille francs à