Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/154

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marcher sous les galeries. Vous êtes à Athènes, les pieds nus, le cou libre, avec une simple robe roulée à la taille. Les culottes, le gilet, et la redingote, et les bottes, et le chapeau, sont loin. Votre nudité s’égaye à l’aise, dans ce lambeau d’étoffe. Le rêve va jusqu’au printemps de la Grèce, au bord du bleu éternel de l’Archipel.

Mais dès que la bande des baigneurs arrive, il faut fuir. Ils apportent la chaleur des pavés à leurs talons. La rivière n’est plus la vierge du petit jour ; elle est la fille de midi qui se donne à tous, qui est toute meurtrie, toute chaude des embrassements de la foule.

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Et quelles laideurs ! Les dames font bien de hâter le pas, sur les quais. Le musée des antiques, chargé par un artiste farceur, n’arriverait pas à ce haut point de comique navrant.

C’est une terrible épreuve pour un homme moderne, pour un Parisien, que de se mettre nu. Les gens prudents ne vont jamais aux bains froids. On m’y a montré, un jour, un conseiller d’État, si piteux avec ses épaules pointues et son pauvre ventre plat, que toutes les fois que j’ai rencontré