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VI


Les rosiers, dans les cimetières, épanouissent des fleurs larges, d’une blancheur de lait, d’un rouge sombre. Les racines vont, au fond des bières, prendre la pâleur des poitrines virginales, l’éclat sanglant des cœurs meurtris. Cette rose blanche, c’est la floraison d’une enfant morte à seize ans ; cette rose rouge, c’est la dernière goutte de sang d’un homme tombé dans la lutte.

Ô fleurs éclatantes, fleurs vivantes, où il y a un peu de nos morts !

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À la campagne, les pruniers et les abricotiers poussent gaillardement derrière l’église, le long des murs croulants du petit cimetière. Le grand soleil dore les fruits, le grand air leur donne une saveur exquise. Et la gouvernante du curé fait des