Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/193

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ont un grand air de reines barbares tombées dans la vermine.

Et les enfants, tout un troupeau d’enfants, grouillent. J’en ai vu un en chemise, avec un gilet d’homme immense qui lui battait les mollets ; il tenait un beau cerf-volant bleu. Un autre, un tout petit, deux ans au plus, allait nu, absolument nu, très-grave, au milieu des rires bruyants des filles curieuses du quartier. Et il était si sale, le cher petit, si vert et si rouge, qu’on l’aurait pris pour un bronze florentin, une de ces charmantes figurines de la Renaissance.

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Toute la bande reste impassible devant la curiosité bruyante de la foule. Des hommes et des femmes dorment sous les tentes. Une mère allaite, le sein nu et noir comme une gourde brunie par l’usage, un poupon tout jaune, qui a l’air d’être en cuivre. D’autres femmes, accroupies, regardent sérieusement ces Parisiens étranges qui furètent dans la saleté. J’ai demandé à une d’elles ce qu’elle pensait de nous ; elle a souri faiblement, sans répondre.

Une belle fille d’une vingtaine d’années se pro-