Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/198

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les cristaux qu’ils ont déjà obtenus, sont si petits, et les frais de fabrication s’élèvent si haut, que les expériences ont dû rester à l’état de simples curiosités scientifiques. La question en est là. Il s’agit uniquement de trouver des agents plus puissants, des procédés plus économiques, pour pouvoir fabriquer à bas prix.

Cependant, nous étions arrivés. Mon ami, avant de sonner, me prévint que le vieux savant n’aimant pas les curieux, allait sans doute me recevoir fort mal. J’étais le premier profane qui pénétrait dans le sanctuaire.

Le chimiste nous ouvrit, et je dois confesser que je lui trouvai d’abord l’air stupide, un air de cordonnier hâve et abruti. Il accueillit mon ami affectueusement, m’acceptant avec un sourd grognement, comme un chien qui aurait appartenu à son jeune disciple. Nous traversâmes un jardin laissé inculte. Au fond, se trouvait la maison, une masure en ruines. Le locataire a abattu toutes les cloisons pour ne faire qu’une seule pièce, vaste et haute. Il y avait là un outillage complet de laboratoire, des appareils bizarres, dont je n’essayai même pas de m’expliquer l’usage. Pour tout luxe, pour tout ameublement, un banc et une table de bois noir.