Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/200

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m’embarrassent. Je les sèmerai demain dans les allées de mon jardin, en guise de graviers.

Puis se tournant vers mon ami, il continua, en prenant les pierreries à poignées :

— Voyez donc ces rubis. Ce sont les plus beaux que j’aie encore obtenus… Je ne suis pas satisfait de ces émeraudes ; elles sont trop pures ; celles que la nature fait ont toutes quelque tache, et je ne veux pas faire mieux que la nature… Ce qui me désespère, c’est que je n’ai encore pu obtenir le diamant blanc. J’ai recommencé hier mes expériences… Dès que j’aurai réussi, l’œuvre de ma vie sera couronné, je mourrai heureux.

L’homme avait grandi. Je ne lui trouvai plus l’air stupide ; je commençai à frissonner devant ce vieillard blême qui pouvait jeter sur Paris une pluie miraculeuse.

— Mais vous devez avoir peur des voleurs ? lui demandai-je. Je vois à votre porte et à vos fenêtres de solides barres de fer. C’est une précaution.

— Oui, j’ai peur parfois, murmura-t-il, peur que des imbéciles ne me tuent avant que j’aie trouvé le diamant blanc… Ces cailloux qui n’auront plus aucune valeur demain, pourraient aujourd’hui tenter mes héritiers. Ce sont mes héritiers qui m’épouvantent ; ils savent qu’en me fai-