Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/202

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— Vous ne sauriez vous imaginer les grimaces des gens qui trouvent mes cailloux. Ils frissonnent, ils regardent derrière eux, puis ils se sauvent avec des pâleurs de mort. Ah ! les pauvres gens, quelles bonnes comédies ils m’ont données ! J’ai passé là de joyeuses heures.

Sa voix sèche me causait un malaise inexprimable. Évidemment, il se moquait de moi.

— Hein ! jeune homme, reprit-il, j’ai là de quoi acheter bien des femmes ; mais je suis un vieux diable… Vous comprenez que, si j’avais la moindre ambition, il y a longtemps que je serais roi quelque part… Bah ! je ne tuerais pas une mouche, je suis bon, et c’est pour cela que je laisse vivre les hommes.

Il ne pouvait me dire plus poliment que, s’il lui en prenait la fantaisie, il m’enverrait à l’échafaud.

_____


Des pensées chaudes montaient en moi, sonnant à mes oreilles toutes les cloches du vertige. Les yeux de fées des pierreries me regardaient de leurs regards aigus, rouges, violets, verts, bleus, roses. J’avais serré les mains sans le savoir, je tenais à gauche une poignée de rubis, à droite une poignée