Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XIV


Pauvre Neuilly ! Je me souviendrai longtemps de la lamentable promenade que j’ai faite hier, 25 avril 1871. À neuf heures, dès que l’armistice conclu entre Paris et Versailles a été connu, une foule considérable s’est portée vers la porte Maillot. Cette porte n’existe plus ; les batteries du rond-point de Courbevoie et du mont Valérien en ont fait un tas de décombres. Lorsque j’ai franchi cette ruine, des gardes nationaux étaient occupés à réparer la porte ; peine perdue, car quelques coups de canon suffiront pour emporter les sacs de terre et les pavés qu’ils entassaient.

À partir de la porte Maillot, on marche en pleines ruines. Toutes les maisons avoisinantes sont effondrées. Par les fenêtres brisées, j’aperçois des coins de mobiliers luxueux ; un rideau pend déchiqueté à un balcon, un serin vit encore dans une cage accrochée à la corniche d’une man-