Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/253

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— Je ne sais pas, balbutia la jeune fille, je n’ai jamais dit cela… Monsieur le curé a mal entendu… Par grâce, laissez-moi, je suis pressée.

— Non, non, repris-je, je veux que vous sachiez que je pars demain, et que vous me promettiez de m’aimer toujours.

— Vous partez demain !

Oh ! le doux cri, et que Babet y mit de tendresse ! Il me semble encore entendre sa voix alarmée, pleine de désolation et d’amour.

— Vous voyez bien, criai-je à mon tour, que mon oncle Lazare a dit la vérité. D’ailleurs, il ne ment jamais. Vous m’aimez, vous m’aimez, Babet ! Vos lèvres, ce matin, l’avaient confié tout bas à mes doigts.

Et je la fis asseoir au pied de la haie. Mes souvenirs m’ont gardé ma première causerie d’amour, dans sa religieuse innocence. Babet m’écouta comme une petite sœur. Elle n’avait plus peur, elle me confia l’histoire de son amour. Et ce furent des serments solennels, des aveux naïfs, des projets sans fin. Elle jura de n’épouser que moi, je jurai de mériter sa main à force de travail et de tendresse. Il y avait un grillon derrière la haie, qui accompagnait notre causerie de son chant d’espérance, et toute la vallée, chuchotant dans