Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/39

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peler le désagrément de leur position respective.

— Il a fait bien chaud aujourd’hui, madame.

— Oui, monsieur, une chaleur accablante. Heureusement que ces ombrages donnent quelque fraîcheur.

— Oh! certainement… Cette brave tante est une digne personne, n’est-ce pas ?

— Une digne personne, en effet.

Puis, ils parlèrent des dernières courses et des bals qu’on annonce déjà pour l’hiver prochain. Adeline, qui commençait à avoir froid, réfléchissait que le comte devait l’avoir vue pendant qu’elle s’attardait sur la rive. Cela était tout simplement horrible. Seulement, elle avait des doutes sur la gravité de l’accident. Il faisait noir sous les arbres, la lune n’était pas encore là ; puis, elle se rappelait, maintenant, qu’elle se tenait derrière le tronc d’un gros chêne. Ce tronc avait dû la protéger. Mais, en vérité, ce comte était un homme abominable. Elle le haïssait, elle aurait voulu que le pied lui glissât, qu’il se noyât. Certes, ce n’est pas elle qui lui aurait tendu la main. Pourquoi, quand il l’avait vue venir, ne lui avait-il pas crié qu’il était là, qu’il prenait un bain ? La question se formula si nettement en elle, qu’elle ne put la retenir sur ses lèvres. Elle interrompit le comte,