Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/41

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— Hein ! elle marche lentement ? demanda Adeline.

— Eh ! non, elle a des ailes, répondit-il avec un soupir.

Elle se mit à rire, en ajoutant :

— Nous en avons encore pour un gros quart d’heure.

Alors, il profita lâchement de la situation : il lui fit une déclaration. Il lui expliqua qu’il l’aimait depuis deux ans, et que s’il la taquinait, c’était qu’il avait trouvé cela plus drôle que de lui dire des fadeurs. Adeline, prise d’inquiétude, remonta sa robe verte jusqu’au cou, fourra les bras dans les manches. Elle ne passait plus que le bout de son nez rose sous les nénufars ; et, comme elle recevait en plein la lune dans les yeux, elle était tout étourdie, tout éblouie. Elle ne voyait plus le comte, quand elle entendit un grand barbottement et qu’elle sentit l’eau s’agiter et lui monter aux lèvres.

— Voulez-vous bien ne pas remuer ! Cria-t-elle ; voulez-vous bien ne pas marcher comme cela dans l’eau !

— Mais je n’ai pas marché, dit le comte, j’ai glissé… Je vous aime !

— Taisez-vous, ne remuez plus, nous parlerons