tres qui donnaient sur la cour. Les plus timides, épouvantés de la longue impunité dans laquelle on nous laissait, ouvrirent doucement une des fenêtres et disparurent. Ils furent peu à peu suivis par les autres élèves. Bientôt le grand Michu n’eut plus qu’une dizaine d’insurgés autour de lui. Il leur dit alors d’une voix rude :
— Allez retrouver les autres, il suffit qu’il y ait un coupable.
Puis s’adressant à moi qui hésitais, il ajouta :
— Je te rends la parole, entends-tu !
Lorsque la garde eut enfoncé une des portes, elle trouva le grand Michu tout seul, assis tranquillement sur le bout d’une table, au milieu de la vaisselle cassée. Le soir même, il fut renvoyé à son père. Quant à nous, nous profitâmes peu de cette révolte. On évita bien pendant quelques semaines de nous servir de la morue et des haricots. Puis, ils reparurent ; seulement la morue était à la sauce blanche, et les haricots, à la sauce rousse.
VI
Longtemps après, j’ai revu le grand Michu. Il n’avait pu continuer ses études. Il cultivait à son