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XXXII


Le jeudi qui suivit, la soirée chez les Raquin, comme les invités continuaient à appeler le ménage de leurs hôtes, fut d’une gaieté toute particulière. Elle se prolongea jusqu’à onze heures et demie. Grivet, en se retirant, déclara ne jamais avoir passé des heures plus agréables.

Suzanne, qui était enceinte, parla tout le temps à Thérèse de ses douleurs et de ses joies. Thérèse semblait l’écouter avec un grand intérêt ; les yeux fixes, les lèvres serrées, elle penchait la tête par moments ; ses paupières, qui se baissaient, couvraient d’ombre tout son visage. Laurent, de son côté, prêtait une attention soutenue aux récits du vieux Michaud et d’Olivier. Ces messieurs ne tarissaient pas, et Grivet ne parvenait qu’avec peine à placer un mot entre deux phrases du père et du fils. D’ailleurs, il avait pour eux un certain respect ; il trouvait qu’ils parlaient bien. Ce soir-là, la causerie ayant remplacé le