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Page:Zola - Thérèse Raquin, Lacroix, 1868.djvu/56

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VI


Laurent, à partir de ce jour, revint presque chaque soir chez les Raquin. Il habitait, rue Saint-Victor, en face du Port aux Vins, un petit cabinet meublé qu’il payait dix-huit francs par mois ; ce cabinet, mansardé, troué en haut d’une fenêtre à tabatière, qui s’entre-bâillait étroitement sur le ciel, avait à peine six mètres carrés. Laurent rentrait le plus tard possible dans ce galetas. Avant de rencontrer Camille, comme il n’avait pas d’argent pour aller se traîner sur les banquettes des cafés, il s’attardait dans la crêmerie où il dînait le soir, il fumait des pipes en prenant un gloria qui lui coûtait trois sous. Puis il regagnait doucement la rue Saint-Victor, flânant le long des quais, s’asseyant sur les bancs, quand l’air était tiède.

La boutique du passage du Pont-Neuf devint pour lui une retraite charmante, chaude, tranquille, pleine de paroles et d’attentions amicales. Il épargna les